Près de 27% des personnes mises en cause l'an dernier étaient ainsi de nationalité étrangère, un chiffre en hausse d'environ dix points en quatre ans, relève cet organisme placé sous la tutelle administrative du Premier ministre*. Selon lui, ce bond s'explique par l'augmentation de la part de Roumains et de Géorgiens impliqués dans des vols ainsi que par celle, phénomène nouveau, de Tunisiens.
En 2012, observe l'organisme, près de 152.000 personnes ont été mises en cause - c'est-à-dire interpellés par exemple mais pas obligatoirement condamnés - pour des vols en France, dont quelque 36.210 femmes (23,8%), 49.480 mineurs (32,6%) et 40.670 étrangers (26,8%).
Entre 2008 et 2012, la part des mineurs impliqués dans des vols a elle plutôt diminué mil y a un «doublement» du nombre de mineurs étrangers mis en cause en quatre ans, ajoute l'observatoire de la délinquance.
«Délinquance de subsistance»
La hausse de la part des étrangers impliqués s'explique en partie par la mise en cause de Roumains qui sont en forte proportion impliqués dans des vols sans violence comme les ressortissants originaires d'Europe balkanique. La part des Géorgiens impliqués dans les vols à l'étalage ou par effraction est aussi en augmentation. Elle a été multipliée par quatre entre 2008 et 2012.
L'étude pointe également la part des Tunisiens mis en cause dans tous ces types de vols, «multipliée par trois» en quatre ans. Il «apparaît légitime de supposer que ces variations seraient en lien avec la situation politique et économique que la Tunisie a connue après la chute du président Ben Ali» en 2011, fait valoir l'ONDRP qui évoque à cet égard une «délinquance de subsistance».
Parmi les 27% d'étrangers mis en cause en 2012 pour vols, détaille l'étude, 9,5% sont «soit de nationalité roumaine soit d'une nationalité d'Europe balkanique» et 7,8% sont originaires d'Afrique du Nord (Maroc, Tunisie Algérie auxquels s'ajoutent Libye et Egypte, deux autres pays concernés par le Printemps arabe).
Selon le criminologue et patron» de l'ONDRP Christophe Soullez, il faut «relativiser» la portée de cette étude basée sur des chiffres ne concernant qu'une «partie de la délinquance» et «de délinquants qui ne sont pas forcément les auteurs des infractions au final». Pour autant, ajoute-t-il, ces chiffres «tiennent la route» et révèlent une «réalité» qui mériterait selon lui une analyse plus poussée.
VIDEO. Chistophe Soullez : «Des vols sans violence, en règle générale»
Une criminalité organisée venue de l'Est
Ils montrent aussi, explique-t-il, l'apparition d'une «criminalité organisée» récemment mise en exergue par le rapport annuel du Sirasco, le service d'analyse de la police judiciaire française, qui a aussi pointé la délinquance venue de l'Est. S'agissant des Roumains, selon Christophe Soullez et le Sirasco, le phénomène «n'est pas nouveau» et avait été observé aussi en 2011. C'est une «délinquance de réseau criminel» et «d'exploitation de mineurs par exemple».
Fin septembre, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait affirmé que le nombre de Roumains mis en cause pour des faits de délinquance à Paris avait nettement progressé entre 2008 et 2011, lorsque la droite était au gouvernement, avant de refluer en 2012. Il avait toutefois estimé, au même moment, que «ce qui nourrit le populisme c'est l'amalgame permanent entre immigration et insécurité».
* Il ne s'agit que des délits recensés en zone police, environ 25% du territoire, essentiellement en agglomération. Les données proviennent du fichier Stic qui enregistre le sexe, le nom et la nationalité de l'auteur présumé du délit.
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