Sans dévoiler son visage fatigué, Jonathan, le père du petit Théo, explique ne pas en vouloir à l'hôpital dont le personnel a fait «tout ce qu'il a pu» pour sauver son fils prématuré. Mais les trois familles ont besoin de comprendre et attaquent l'établissement pour homicide involontaire. «On a gâché nos vies», s'insurge Sophie, la mère de Théo.
«Elle ouvrait les yeux, souriait, nous reconnaissait»
Laurent et Maud, les parents de la petite Chloé, ont encore les yeux mouillés quand ils expliquent: «On l'avait dans les bras tous les jours. Elle ouvrait les yeux, souriait, nous reconnaissait (...) Elle évoluait bien, avait bien pris niveau poids.» Leur fille, prématurée également, était née à 6 mois seulement et avait besoin de ces poches alimentaires pour survivre. Une nuit, son état se dégrade brutalement. Elle meurt dans les trois heures.
Milie, le troisième nourrisson contaminé, avait elle été hospitalisée à Chambéry en raison d'insuffisances respiratoires. «Elle n'était pas prématurée mais elle devait être intubée car elle avait du mal à respirer toute seule», explique Antoine, son père. Peu avant sa mort brutale, son état s'était amélioré: «Elle respirait de mieux en mieux», se rappelle-t-il. Mais «ils ont installé cette poche en début de soirée, elle est morte à minuit».
«C'est quand même étrange qu'il ait fallu attendre quatre cas avant qu'ils comprennent qu'il y avait quelque chose de grave», s'étonne Antoine. C'est en effet quelques jours après qu'un quatrième nourrisson eut réchappé in extremis à la mort que les trois familles apprendront la cause du décès de leurs enfants. «Il y a une faille dans le système, il faut absolument qu'ils trouvent cette faille pour que ça n'arrive plus jamais», affirme Jonathan.
Les parents aimeraient savoir s'il existe d'autres décès liés à ces poches contaminées. Selon eux, ces poches venaient d'un lot de 137 poches, dont 102 ont été détruites ou utilisées. Lorsque l'origine de l'infection a été découverte, les analyses ont montré que «les six poches qui restaient à l'hôpital de Chambéry étaient toutes contaminées», affirme Antoine.
La ministre de la Santé Marisol Touraine a assuré samedi que «tous les lots» de poches de nutriments mises en cause avaient été «retirés». Le parquet de Chambéry a ouvert une enquête, indiquant samedi qu'il ne communiquerait plus sur ce dossier avant, au plus tôt, la semaine prochaine. L'hôpital a lui même porté plainte contre X.
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